Bonsoir,
le sujet est amplement débattu depuis (au moins) l'été 2008, et "l'étude" désastreuse de GS, qui a fait descendre le cours à 4-5. A cette époque, tous les jours, l'OPA était pour demain.
Mais elle n'a pas eu lieu. Ce que nous disions à l'époque reste vrai :
- si, il est difficile de lutter contre la fuite des cerveaux : primes etc., ne feront rien contre la fidélité de certains à MG et au projet auxquels ils ont contribué toutes ces années. En tout cas, c'est un risque réel pour le prédateur.
- et surtout : l'OPA serait une opération très risquée, que personne n'est prêt à entreprendre :
a) une OPA se justifie par son retour sur investissement : or le ROI sur une acquisition de Nicox est trop dépendant de la teneur de la réponse de la FDA. Pour un financier, il est préférable d'acheter qq chose cher mais pas risqué, plutôt que pas cher mais risqué : d'un côté, tu peux tabler sur +20%, de l'autre à pile ou face sur +100% ou -100%. Les bigs pharmas sont exclusivement des institutions financières (à l'image de la quasi totalité des grands groupes cotés) dont la seule vocation est la maximisation des profits et de la création de valeur durable pour les actionnaires. Traduction : très forte aversion au risque. Les bigs pharmas sont (désormais) tout sauf des boites à la culture entrepreneuriale.
b) or, même à "seulement" 500M de CB, Nicox est très chère. OK pour signer des deals risqués en phase II, mais où il y a seulement en jeu qq M€ ; NOK pour se lancer dans des opérations de plusieurs centaines/milliards d'euros si les risques ne sont pas totalement maîtrisables. Ou plutôt, c'est une question de choix : tu as sur la table plusieurs opérations potentielles à plusieurs centaines de M€, laquelle choisis-tu ? Celle qui présente le moins de risques. Quoique nous en pensions, visiblement, la communauté pharma attend un signe positif de la FDA pour prendre position : ce jour là Nicox vaudra beaucoup plus cher, mais le ROI sera garanti.
c) enfin, en cas d'OPA, le prédateur ne serait pas le seul à connaître le potentiel et les promesses de Nicox au-delà du naproxcinod, a fortiori si entretemps le 6560 est passé en phase II (zéro doute là-dessus : même si la molécule s'avère décevante, Nicox est obligée d'envoyer ce signal positif au marché : au pire, il y aura sur cette molécule une phase II qui trainera en longueur, le temps que le naproxcinod décolle de son côté), ou si le partenariat avec Merck passe lui aussi en phase II. Le prédateur s'exposerait donc à un très fort risque de contre-OPA, donc à une montée des enchères en face de risques toujours mal maîtrisés et difficilement appréciables (le refus FDA, même si peu probable, serait alors synonyme pour le prédateur de plusieurs milliards qui partiraient en fumée).
La seule possibilité de voire ce raisonnement contredit serait peut-être si fin 2010 il n'y a toujours pas de réponse FDA (du fait de demande d'études complémentaires, etc.) : le cash de Nicox aurait disparu, il lui serait impossible de lever des fonds, et il n'y aurait plus d'autre choix que d'accepter une OPA à vil prix (=scénario à la Nitromed).
Pour ma part, je juge ce scénario catastrophe totalement improbable (<1%) : les résultats du napro sont excellents, et j'ai toute confiance dans la qualité du dossier présenté à la FDA. Quelques recherches sur William B. White, entre autres, suffisent à me rassurer amplement.