- big_eric (bruno) a écrit:
- Lecture passionnante mais complexe...
Un retour à mes cours de macro-économie s'impose !
La création monétaire massive, l'inflation et la révision des taux de change semblent en effet inélecutables.
Quels pays en profiteront le mieux à la sortie ?
oui sortie de crise par inflation ,la deflation n'existe pas,c'est un leurre sur baisse oil&matieres premieres en 2008 (contre coup)..les us sortiront les 1ers de la recession des cette annee..la planche a billet tourne a pleins,procedure de defaisance bancaire via bad bank (produits toxiques repris),cela evitera la grande depression, on est sauve pour 3 ans, apres?!
+ lire :tres pertinent==)
RETOUR SUR 2008 & PERSPECTIVES 2009 : (merci a son auteur) L'année qui vient de s'écouler a été passionnante autant qu'effrayante à plus d’un titre.
Pratiquement tout et n’importe quoi a été dit sur la crise qui a frappé
les marchés en 2008, mais en définitive bien peu ont compris, même
aujourd’hui, ce qui s’est réellement passé.
Que cela soit au niveau de la population, des analystes, ou même des
économistes, il est frappant de remarquer à quel point l’année 2008 a
été incomprise.
Il faut d’abord rappeler (et je m’en charge régulièrement) que la
plupart des grandes crises du XXe et XXIe siècle n’ont jamais été
anticipées par les spécialistes. Or c’est pourtant aux spécialistes que
la parole est donnée dans les journaux, les tribunes économiques ou les
interviews de journaux TV.
Ainsi, encore une fois, nous devons retenir comme leçon que
l’information économique est essentiellement factuelle et moutonnière.
Il vaut mieux se fier à soi et laisser aux spécialistes le soin
d’écrire plus tard des livres pour nous expliquer doctement ce qui
s’est passé et comment nous aurions pu éviter le pire.
Avant de vous livrer mes anticipations pour 2009, revenons donc à ce
qui s’est passé l’année dernière (en évitant le chapitre politique de
l’élection d’O. qui n’a été qu’un épiphénomène opportuniste dans la
course à la présidence… Pour plus d’info voir mes posts à ce sujet)
RETOUR SUR 2008
Tout au long du 4eme trimestre 2008, les journalistes nous ont abreuvés
d’explications sur l’origine de la crise, le rôle des subprimes, et la
malfaisance des institutions financières qui ont spéculé sur de
l’argent malsain.
Il y a eu un peu de vrai dans ces explications, mais cela n’est pas
suffisant. Tout comme l’arc-en-ciel ne provient pas du verre ou de
l’eau, mais de la diffraction de la lumière, ces explications ont
malheureusement été déformées par le prisme de l’ignorance voire par le
fantasmes des idéologies néo-marxistes et keynésiennes).
En réalité, l’explication est un peu plus complexe et repose sur des
connaissances souvent hors de portée de la moyenne des individus.
De 2001 à 2006, la masse monétaire internationale a enflé à une vitesse
ahurissante. La politique de taux accommodante des banques centrales
après l’éclatement de la bulle internet et les attentats du 11
septembre 2001, ainsi que la créativité croissante en matière de crédit
des institutions financières à travers le monde, ont conduit la
quasi-totalité des pays industrialisés à une expansion exponentielle de
leur masse monétaire (M1, M2, M3).
En cinq ans, M3 est passé aux USA de $7.000 milliards à près de $16.000
milliards. En zone euro, M3 passe dans la même période de € 6.000
milliards à près de € 12.000 milliards.
A son arrivée au poste de Chairman de la Fed, Ben Bernanke a même
supprimé la publication de cet indicateur tant le chiffre était énorme
et sujet à inquiétude (ce qui lui vaudra ensuite son surnom de
bombardier furtif). La BCE, quant à elle a continué de publier cet
indicateur et on peut le consulter sur son site.
La masse monétaire mondiale a donc pratiquement doublé de 2001 à 2006,
expliquant ainsi que les prix se soient emballés à un rythme tout aussi
exponentiel, sans rien épargner : matières premières, pétrole,
immobilier, or, actions, salaires, etc..). Tout a flambé.
En 2005, cette incroyable masse monétaire commence à effrayer des
institutions monétaires comme la Fed et la BCE qui, pour éviter un
écroulement brutal, emploient le terme de « soft landing » et remontent
fortement les taux d’intérêts pour stopper la création de monnaie par
le jeu du crédit. Cependant, la masse est tellement énorme qu’elle ne
désenfle pas. Pire, la hausse des taux commence à rendre insolvable les
ménages titulaires de prêts subprimes (ménages US à faibles capacité
d’emprunt).
La masse monétaire est un château à plusieurs étages. Au premier étage
(M1), on trouve la masse de monnaie en circulation (billets, pièces),
ainsi que la monnaie figurant sur les comptes courants bancaires. Au
deuxième étage, on trouve les comptes d’épargnes, livrets, comptes à
termes. Et enfin au troisième étage, les certificats de dépôts entre
banques et les comptes à terme de longue durée. La somme des 2 premiers
étages s’appelle M2. La somme des 3 étages s’appelle M3. Ce château est
monté très vite et très haut de 2001 à 2006, mais dangereusement comme
un château de cartes, par l’octroi massif de crédits de consommation et
immobilier, mais aussi par le jeu de la titrisation des postes de bilan
des banques.
Autrement dit, les banques se sont refilées entre-elles les
portefeuilles de prêts risqués, sous forme d’obligations soit disant
sans risque. Cette titrisation, a permis de disperser les risques et de
maintenir un ratio de solvabilité élevé permettant d’emprunter et
reprêter encore plus. Résultat, par ce mécanisme de titrisation, elles
ont pu créer 10 à 20 fois plus d’encours de crédits que dans les années
90. C’est ce mécanisme, ainsi que la planche à billet des banques
centrales (mais dans une moindre proportion) qui ont engendré cette
phénoménale inflation de la masse monétaire.
Pour illustrer simplement le mécanisme, on peut retenir l’exemple
suivant. Imaginons qu’une banque reçoive 100 euros de madame Durand sur
un Codevi ou un livret A, la banque « recycle » cet argent en le
prêtant à quelqu’un d’autre, appelons-le monsieur Dupond à un taux plus
élevé (pour faire une marge). Ainsi, après opération de prêt, la banque
inscrit 100 euros sur le compte courant de monsieur Dupond, alors que
parallèlement, les 100 euros de madame Durand figurent toujours en
Codevi. La banque a ainsi créé une masse monétaire supplémentaire de
100 euros (100 en compte courant de Dupond + 100 en codevi de Durand).
Parallèlement, la banque titrise son portefeuille de prêt en émettant
une obligation de 100. Dès que l’obligation est souscrite (par des
particuliers, d’autres banques, des hedges funds, des fonds
souverains), la banque reçoit 100 à nouveau et la mécanique de prêt
peut fonctionner à nouveau.
De 2001 à 2006, les banques ont ainsi « recyclé » en moyenne de 20 à 40
fois l’argent dont elles disposaient (chiffre obtenu par division du
total de bilan par les capitaux propres). Autrement dit, la mécanique
infernale était lancée et en cas de défaillance des emprunteurs, tout
le château pouvait s’écrouler. C’est ce qui s’est passé lorsque les
emprunteurs subprimes n’ont pas pu rembourser leurs échéances. La suite
vous la connaissez. Le phénomène prend de l’ampleur et le volume de
contentieux est tel, que les banques ne peuvent plus absorber les
pertes avec leurs marges opérationnelles. Il s’en suit alors le credit
crunch de 2007, lié à la prise de conscience que les banques sont en
difficulté et recèlent des pertes importantes dans leurs bilans. Les
institutions financières ne se font plus confiance et refusent de se
prêter de l’argent entre-elle. La titrisation prend fin, et le marché
secondaire de négociation des titres se fige.
Néanmoins début 2008, même si on a conscience que les banques sont en
difficulté, on n’a toujours pas trouvé le moyen de faire dégonfler la
masse monétaire en douceur. La Fed commence à envisager le pire et
baisse ses taux rapidement. Hélas, c’est trop tard. Les certificats de
dépôts entre banques ne valent plus rien. Les obligations portant sur
les subprimes deviennent sans valeur. Certaines banques sont
insolvables. On craint des mouvements de paniques et un afflux des
particuliers pour retirer leurs fonds. Plusieurs banques à travers le
monde voient se presser des clients à leur porte pour retirer leur
argent. C’est la faillite immédiate. On nationalise en catastrophe, on
injecte des centaines de milliards, mais le système est grippé. La
masse monétaire créée par le jeu du crédit devient sans valeur. Les
titres de créances ne sont plus cotés, la masse monétaire s’effondre
(l’effondrement sera limité néanmoins par la modification en urgence
des règles comptables en octobre 2008 qui permet aux banques de ne pas
valoriser à 0 les créances sur certificats non cotés). Mais le
changement de méthodes comptables n’arrête pas l’hémorragie pour
autant. Le château de cartes ne dispose plus d’aucun support.
De septembre 2008 à novembre 2008, malgré des injections de cash
incroyables (et inconcevables il y a peu) par les banques centrales, la
quasi-totalité des actifs planétaire va être dépréciée de 30 à 50%. Du
pétrole aux denrées alimentaires, de l’immobilier aux marchés actions,
sans oublier l’or. Rien n’échappe à l’effondrement des prix. Les
valeurs boursières perdent ainsi, rien qu’aux USA, près de 4.300
milliards de valeur en 3 mois (4,3 trillions). Le pétrole passe de 144
$ le baril à moins de 40$ le baril en quelque semaines.
La perte de valeur conjuguée des actions et de l’immobilier plonge les
ménages et les retraités ayant épargné dans l’angoisse. Le monde rentre
en récession dès le mois d’octobre et propage ainsi la crise à
l’économie réelle.
La réaction des banques centrales face à cet effondrement est
proportionnée. On sait par exemple que de 2000 à 2006, on a créé une
masse monétaire de $ 7.000 milliards aux USA et de € 6.000 milliards en
zone euro. En supprimant cette masse monétaire brutalement, le monde
risque un choc déflationniste catastrophique. Ainsi la solution retenue
par les banques centrales et les gouvernements est de limiter la casse
en injectant des fonds via le trésor (emprunt de plus de 1.000
milliards par le gouvernement US), mais aussi par le jeu de la planche
à billet (plus discret). Ainsi de juillet à décembre 2008, M2 va
augmenter de $ 392 milliards aux USA et de € 284 milliards en zone
euro. La monnaie en circulation (composante de M1) augmente de $ 45
milliards aux USA et de € 55 milliards en zone euro. Les rotatives
tournent à plein régime.
Mais la panique reste totale. Les mesures de volatilité ont atteint des
sommets. Le VIX (volatility index) a battu des records. Et comme rien
n’est sûr (même pas les banques), l’argent se réfugie en premier lieu
sur les obligations d’état (treasuries, bund, OAT, etc). Et une
nouvelle bulle se créée instantanément : la bulle obligataire.
PERSPECTIVES 2009
Les données économiques en ce début d’année ne sont pas encourageantes.
Le chômage est en forte hausse partout dans le monde, des pays sont en
situation de banqueroute, des entreprises sont au bord du dépôt de
bilan. Et pour finir, nous ne savons toujours pas si les banques ont
sorti tous les cadavres de leurs placards. Le choc est donc rude et
pour tout investisseur, prendre position aujourd’hui est un pari risqué.
Du coté des baissiers, on pointe le Japon et le spectre d’une déflation
lente et longue d’une dizaine d’année au moins. Selon eux, les
entreprises vont continuer de voir leur chiffre d’affaires décliner sur
fonds de chômage en constante augmentation. Ainsi les bears
concluent-ils qu’il n’y aura pas de rebond avant longtemps (consensus
actuel).
De mon coté, j’ai tendance à me méfier des consensus et surtout des «
copier-colé » intellectuels. La situation du monde n’est pas celle du
Japon. La déflation japonaise tient au fait que la population japonaise
est en déclin et ensuite au fait que le Japon était en situation de
réserve de changes extraordinairement excédentaires (du fait des
exportations). Or, la situation de la majorité des membres du G8 est à
l’opposé de ce schéma.
Par ailleurs, la politique d’endettement des gouvernements de ces
derniers mois, ajoutée au « quantitative easing » des banques
centrales, sans oublier la planche à billet, compense largement la
masse monétaire qui a disparue lors de l’effondrement.
L’histoire nous a montré que les récessions duraient en moyenne 10
mois. Les plus longues récessions post-guerre mondiale ont duré 16 mois
(1974 et 1982). Or, la récession actuelle a commencé autour de
septembre. On peut donc imaginer qu’elle se prolongera jusqu’en juin
minimum ou en décembre si elle s’avère plus sévère.
L’argent qui a été injecté par les banques centrales et les
gouvernements, aura des conséquences inflationnistes à terme, impactant
la valeur des matières premières, des denrées alimentaires et du
pétrole. De la façon dont la crise a été gérée, des ajustements
violents vont se produire sur le marché des devises. Il va falloir du
temps pour apprécier la valeur des devises entre-elles et il n’a
échappé à personne que la guerre économique s’est transposée depuis peu
du territoire douanier au territoire monétaire. On fait la guerre à
coup de dévaluation. Les enjeux entre le dollar et le Yuan sont
évidents. Il en sera de même pour l’euro. Personne ne peut se permettre
de laisser sa monnaie devenir trop forte ou trop faible.
L’Europe est en train de payer cher en exportation son euro surévalué
face au dollar. Parallèlement, les américains vont entamer un bras de
fer avec la chine pour que ces derniers cessent de dévaluer le Yuan.
Les failles de la zone euro que j’avais décrites dans mon article, «
l’avenir de l’euro », apparaissent. Les pays membres écartelés par
l’euro ont de plus en plus de mal à exporter et à refinancer leurs
dettes du fait du poids écrasant de la devise sur leur économie. C’est
le cas de la Grèce, de l’Italie, de l’Espagne, mais aussi de la France.
J’anticipe donc toujours une correction baissière de l’euro cette année
(1.20 en 2009 et 1.12 en 2010) ce d’autant que de mini-séismes sont à
prévoir (avec une forte probabilité de réalisation).
J’anticipe également un retour très fort de l’inflation (par l’énorme
création monétaire qui a lieu en ce moment) accompagné d’un krach
obligataire. Dès lors que les marchés auront intégré le risque
inflationniste, les capitaux fuiront les obligations (et le coût de la
dette remontera en flèche pour les gouvernements… aïe !).
Corrélativement, les actions reprendront de la valeur et les marchés
reviendront à des niveaux proches de 2008.
Pour jouer la reprise, on pourra compter sur les ETF matières premières
et ETF sur pétrole. On peut aussi se concentrer sur les blue chips des
indices actions. Le timing sera probablement 6 mois avant la sortie de
la récession, c'est-à-dire entre mars et juin.