Nicox : "Les incertitudes sont prises en compte au cours actuel" Mercredi 10 février 2010 à 11:28 Imprimer
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(Tradingsat.com) - Après un bond de 35% en 2009, le fonds Gestys Santé Biotech résiste aux soubresauts du début 2010. Guillaume Charbonnier, le gérant, nous explique son approche et donne son avis sur quelques unes des plus importantes biotechs cotées à Paris.
Tradingsat.com : Comme gérez vous la volatilité et le risque sur un fonds spécialisé dans les biotechnologies ?
Guillaume Charbonnier : La volatilité du fonds Gestys Santé Biotech s'est établie l'an dernier à 14,90%, ce qui est vraiment très raisonnable, alors que la volatilité moyenne du secteur était de 23,55%. Ce sont nos critères de sélection qui font la différence. Nous privilégions les biotechs aux portefeuilles de produits diversifiés. Celles aussi qui ont un minimum de deux années de consommation de cash devant elles.
Tradingsat.com : Que faut il comprendre avant d'investir dans la santé et les biotechs aujourd'hui ?
Guillaume Charbonnier : A court terme, dès 2012, les grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux vont devoir gérer la perte des brevets de certains de leurs plus gros médicaments. Si l'on prend l'exemple de poids lourds du secteur comme Pfizer ou Sanofi-Aventis, c'est l'équivalent d'un tiers de leur chiffre d'affaires qui pourra être copié par des génériques. Sanofi va devoir faire une croix sur l'exclusivité de blockbusters tels que l'anti-cancéreux Taxotere et les anti-coagulants Plavix et Lovenox. Avant d'investir sur une « big pharma », il faut donc analyser la stratégie mise en place pour faire face aux enjeux.
Tradingsat.com : Quelles sont les options possibles ?
Guillaume Charbonnier : D'abord la diversification. Sanofi-Aventis a procédé l'an dernier à une trentaine d'acquisitions dans les médicaments sans ordonnance, les fabricants de génériques..., des domaines qu'il considère comme des relais de croissance. La stratégie du PDG Chris Viehbacher vise à renforcer en parallèle la présence sur les marchés émergents. Le but affiché par le groupe est d'atteindre en 2013 un chiffre d'affaires équivalent à celui de 2008, malgré la perte des brevets sur les blockbusters. Une ambition de plus en plus crédible. La recherche de nouveaux médicaments à gros potentiels n'est pas pour autant abandonnée, mais elle ne peut plus se faire aujourd'hui sans recourir aux biotechnologies. C'est le second axe de changement. Sanofi a opéré un important virage stratégique l'an dernier en nouant des partenariats avec des biotechs.
Tradingsat.com : Pourquoi ce changement ?
Guillaume Charbonnier : Les deux tiers des nouveaux médicaments qui vont apparaître au cours des prochaines années seront issus des biotechnologies. C'est pourquoi c'est un thème d'investissement si porteur ! La situation n'est cependant pas la même aux Etats-Unis, où le secteur est déjà considérablement développé, qu'en Europe. Il n'y a pas (encore) d'équivalent ici à des sociétés américaines telles que Biogen ou Amgen, qui font plusieurs milliards de dollars de chiffres d'affaires. C'est pour jouer ce rattrapage que notre fonds est majoritairement investi en valeurs européennes, contrairement à tous les autres fonds de la catégorie classée par Morningstar. L'an dernier, l'indice Next Biotech d'Euronext a gagné 52%, alors que le Nasdas Biotech a fait 15%...
Tradingsat.com : Quelles sont vos valeurs biotech préférées en Europe, et en France en particulier ?
Guillaume Charbonnier : La sélection des valeurs s'opère d'abord en visant des pathologies. Aujourd'hui, 30% des molécules développées ciblent le cancer, 20% les maladies infectieuses, 8% les maladies cardiovasculaire, 7% les maladies auto-immunes et 6% les pathologie neurologiques. Transgene, qui travaille sur des vaccins thérapeutiques pour le traitement de différentes formes de cancers, constitue logiquement l'une des lignes principales de notre portefeuille. Toujours en France, des positions ont également été constituées sur Cellectis, Innate Pharma, Genfit... Au Royaume Uni, une société comme Antisoma nous intéresse beaucoup également. On peut citer aussi des valeurs allemandes comme MediGene ou 4 SC.
Tradingsat.com : Après une envolée de 75% en 2009, le cours de Bourse de Transgene a-t-il encore du potentiel ?
Guillaume Charbonnier : En bonne gestion, nous avons récemment profité en janvier du regain de spéculation sur la signature d'un partenariat pour le TG4010 pour prendre une petite partie de nos bénéfices sur la valeur. Le TG4010 est un vaccin thérapeutique contre le cancer du poumon « non à petites cellules ». L'attente sur un accord avec un grand groupe pharmaceutique s'est prolongée, mais elle ne devrait plus s'éterniser. Transgene pourra probablement participer aux futures ventes du produit. Ce serait intéressant parce que le mécanisme d'action du TG4010 permet d'envisager de l'utiliser dans le traitement d'autres types de cancer : prostate, sein, rein, etc...
Tradingsat.com : Quel est votre avis sur NicOx, qui a longtemps été la 1ère biotech français en terme de capitalisation boursière ?
Guillaume Charbonnier : Nous avons constitué une petite ligne lors de l'augmentation de capital. Tout actif a son prix. NicOx a pour inconvénient de ne disposer (en tout cas pour l'instant) que d'une molécule au potentiel commercial significatif : le naproxcinod, un anti-inflammatoire dérivé du naproxène dont le dossier est à l'étude auprès de la FDA et de l'agence européenne des médicaments. Et la stratégie consistant à vouloir co-commercialiser, voire à commercialiser seul le produit peut paraître contestable. Mais les incertitudes me semblent prises en compte par le marché au cours actuel.
Propos recueillis par François Berthon
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