Le Naproxcinod, un médicament naît dans la douleur…
Les AINS occupent un marché qui évolue dans la « douleur ».
Les COX 2 ont été l’espoir des grands laboratoires pour faire face à l’arrivée des génériques…
Merck s’est retiré dans la douleur (-17% de capitalisation en un jour), les tribunaux appuyant là ou cela fait mal : 5.4 milliards$ pour les accidents du Vioxx.
Les avocats tournoient maintenant autour de Pfizer…2.4 milliards$ pour la notice du Bextra.
Les COX2 ont représenté 5.4 milliards$. Ils ont été retirés du marché pour la plupart. Pfizer, seul, a réussi à maintenir la commercialisation d’un COX2, le Celebrex, un blockbuster d’un CA aujourd’hui de 2.5 milliards$.
Les AINS ne représentent qu’une partie des médicaments de confort. Le Paracétamol et les morphino-mimétiques sont des marchés importants qui sont des alternatives aux AINS.
Les marchés de ces 3 classes thérapeutiques ont évolué selon :
1) L’efficacité ou l’inefficacité sur la douleur ressentie par le patient d’une classe thérapeutique
2) Les effets secondaires des différentes classes thérapeutiques
3) Les études et les avis des leaders d’opinion
4) L’introduction ou les retraits de certains médicaments
5) La perte des brevets d’exploitation des molécules et la conquête des génériques de parts de marché
6) Les ventes « over the counter » des médicaments de la douleur…
7) La prise de conscience d’apparition des pathologies douloureuses chez des patients présentant des risques cardio-vasculaires, gastro-intestinaux, métaboliques…Par ailleurs ces patients, bénéficiant de médicaments de confort, sont souvent âgés de plus de 50 ans avec des pathologies concomitantes (cardiaques, rénales, hépatiques, immuno-inflammatoires…).
La mise en évidence d’études prêtant à caution voire malhonnêtes.
9) La probité de médecin leader ayant beaucoup publié dans l’apport des médicaments anti-douleur a été pointée. La classification de l’apport et des inconvénients des anti-douleurs est donc totalement à revoir.
Au confort apporté au patient doit être opposé le risque propre du médoc antidouleur.
Ainsi l’âge, les facteurs de risques cardio-vasculaires, métaboliques, gastro-intestinaux doivent être évalués avant la prescription d’un médicament de confort pouvant accentuer considérablement le risque de morti morbidité chez certains patients.
Le marché des AINS : un marché très particulier
1) Ce marché est occupé par 85% de génériques
2) Le Celebrex (seul COX2) représente moins de 10% de part de marché mais 35% du CA des AINS
3) Le CA des AINS a diminué passant de 12 milliards$ à 8.5 milliards$. Les génériques sont 2.5 fois moins chers que le Celebrex.
4) 65% des ventes des AINS over the counter sont représentées par le Celebrex.
5) Les génériques sont donc très prescrits et le Celebrex peu prescrit. Le marketing des AINS est donc actuellement peu performant sur le nombre de prescriptions (les génériques ne bénéficient que de peu de marketing et le marketing du Celebrex peu efficace sur les prescriptions).
Le Naproxcinod bénéficie incontestablement de l’actualité des COX2. La fréquence des risques cardio-vasculaires des AINS a fait la promotion des anti-douleurs ne présentant pas de risque cardio-vasculaire et a détourné une part significative des prescriptions des AINS vers le Paracétamol et les morphino-mimétiques.
Les effets secondaires de ces classes thérapeutiques (Paracétamol et morphinomimétiques) sont connus mais n’ont pas fait aujourd’hui la « une » de l’actualité.
La faible performance du Paracétamol en tant qu’anti-douleur amène un passage rapide et fréquent à l’association trop facile à un opiacé chez un patient parfois âgé. Le prescripteur peut actuellement se reposer sur des études qui doivent être revues du fait de leurs méthodologies devenues aujourd’hui suspectes, la probité du médecin ayant mené ces études a été condamnée.
Aujourd’hui les laboratoires de génériques labourent le marché de la douleur et sourient aux larmes d’argent coulant sur les « jougs » des grands laboratoires exploitant avec une forte rentabilité les quelques arpents qui leur reste…
Le Naproxcinod est face à un marché qui attend l’innovation. Le marché attend un AINS présentant de faibles risques cardio-vasculaires, gastro-intestinaux voire métaboliques. Le Naproxcinod pourrait bien être dans un tel contexte un blockbuster rapidement d’autant que le risque hépatique ou rénal pourrait orienter la prescription vers ce NO-Naproxène.
Les promesses des études cliniques du Naproxcinod (meilleures que les résultats espérés) n’ont pas permis la signature d’un partenariat aux USA jusqu’à présent. Ce partenariat a été repoussé à plusieurs reprises malgré un nombre de candidat partenaire annoncé nombreux et de qualité…Contre toute attente de notre part (et de Nicox probablement) le marché financier est dans l’attente pour valoriser Nicox.
Rétrospectivement nous pouvons penser que des aspects du marché n’ont pas été suffisamment pris en compte :
1) La crise économique touchant aussi la pharmacie
2) La crise dans la grande pharmacie mondiale qui recherche la minimisation des coûts avec la réduction des forces de ventes (10000 visiteurs supprimés en 2009 chez Pfizer…), les fusions acquisitions (fusion Pfizer-Weyth, Merk-Schering Plough…), les crises de liquidité de petits laboratoires de recherche, l’échec de la recherche développement des grands laboratoires (arrêt de molécules en phase III de CEPT, refus de commercialisation de l’Accomplia…), les changements des normes imposés à la commercialisation de nouveaux médicaments (précision sur la notice de risque…), la prudence et le refus d’autorisation de commercialisation des autorités de santé de potentiel blockbuster (Prexige, Accomplia…).
3) Les incertitudes dans les changements à venir dans la politique de santé et des économies à réaliser
4) Les échecs des COX2 entraînent une méfiance probable de la commercialisation, du succès voire des risques d’un nouvel AINS.
Le Naproxcinod doit s’insérer dans la rentabilité d’un réseau de généraliste des anti douleurs. On pourrait à ce titre souligner la difficulté à évaluer le potentiel d’un réseau induite par certaine fusion acquisition (tel que Schering Plough par Merck et de l’appropriation de son du Remicade et de son successeur autorisé à la commercialisation par la FDA, dans l’arthrite inflammatoire hors USA, Johnson and Johnson lui contestant la licence de commercialisation ou voire encore d’autre TNF alfa type Humira de Abott …). D’autres remaniement de portefeuilles de produits pourraient être en discussion pour d’autres laboratoires…
L’incertitude de la rentabilité du Naproxcinod s’associe à l’incertitude des molécules exploitables pour rentabiliser le réseau du candidat partenaire. Ainsi pour certains candidats partenaires il pourrait être urgent d’attendre pour décider de l’enrichissement d’un réseau en rhumatologie…
On comprend la déception des investisseurs qui voient la temporisation inattendue de la signature d’un partenariat annoncé.
Tout le monde est conscient de la naissance du Naproxcinod dans la douleur.
Les investisseurs attendent tous l’évaluation de la date de début de gestation du Naproxcinod à la FDA voire à AEMA. Ce jour là les candidats laboratoires partenaires sauront que la préparation de la commercialisation doit se faire avant une date précise faute de perdre la possibilité de l’exploitation optimale du marketing de pré lancement…Nicox le sait aussi et les mois de réflexions pour le choix d’un partenaire sont maintenant presque comptés…
Le dépôt du dossier à la FDA donnera le terme de la naissance du Naproxcinod…La durée de la gestation du dossier à la FDA sera celle de l’éléphant pour un CA espéré du même poids…