Publié le 01/06/2009Reuters
La biotech, un secteur stratégique favorable aux alliances
Les sociétés de biotechnologie ont vocation à jouer un rôle de plus en plus stratégique dans un secteur pharmaceutique où la perspective de perdre des brevets conduit les grands laboratoires à s'intéresser à leurs molécules prometteuses.
Bien que la plupart d'entres elles soient déficitaires et que peu de leurs produits soient arrivés sur le marché, les analystes s'accordent à penser que la majorité des acteurs cotés n'ont pas de problème de financement à moyen terme. Selon eux, une gestion plus prudente de leurs liquidités disponibles leur permettra de limiter les conséquences de la crise financière.
"Le nerf de la guerre dans la biotech c'est le financement. Pas mal de sociétés ont réussi à se financer ou se refinancer entre 2006 et fin 2007 et la plupart sont dans une situation qui leur permet de tenir en termes de cash jusqu'à mi 2010 fin 2010", commente Rodolphe Besserve, l'expert de la Société générale.
Parmi ces entreprises fondées sur la production de molécules à partir d'organismes vivants (cellules, gènes, bactéries) les plus importantes sont NicOx (arthrose), Transgène (cancer), Genfit (cardiovasculaire) ou Genoway (modèles de recherche génétiquement modifiés).
Souvent innovatrices dans des domaines ciblés comme le cancer (Innate Pharma, Ipsognen) ou la maladie d'Alzheimer (Exhonit Therapeutic) - des domaines aux besoins largement insatisfaits - ces entreprises bénéficient d'une forte stabilité de leur management et leur produits sont promis à moins d'effets secondaires négatifs que les médicaments biochimiques.
UNE CRISE TEMPORAIRE ET LIMITÉE
Chez Natixis Securities, Sylvain Goyon juge que "la crise de financement est temporaire et limitée aux plus petites sociétés dont les projets sont très loin d'une commercialisation".
Parmi les sociétés cotées, poursuit-il, "il n'y a pas de crise de financement car elles peuvent faire appel à des sources de financement alternatives comme les obligations convertibles".
Pour Pierre Corby, analyste chez Aurel ETC Pollak, la situation n'est vraiment critique que pour les entreprises qui ont moins d'un an de visibilité de cash.
Cela écarte de fait NicOx, la star du secteur qui avec une trésorerie de 84,6 millions au 31 mars 2009 peut tenir jusqu'à la fin 2010 ou Transgène dont la trésorerie de 86,7 millions au 31 mars lui assure trois ans d'autonomie financière mais aussi Genfit qui, avec ses 20 millions peut financer ses activités durant au moins deux ans. Exhonit est assuré de deux années de fonctionnement et Vivalis en revendique quatre.
A la fin 2008, France Biotech avait pourtant tiré le signal d'alarme en révélant que les investissements dans les sociétés du secteur avait chuté de 79% en 2008 par rapport à 2007.
L'association fédérant la profession s'est aussi inquiétée récemment de la division par deux des dotations d'Oseo, un acteur clef du financement des PME de biotech. Elle déplore également que la réforme du crédit d'impôt ne profite qu'aux plus grandes sociétés du secteur.
"S'il y a une crise de financement c'est celui relatif à la recherche en amont. Des sociétés de biotech aimeraient aller jusqu'au bout de leur projet pour en capturer le maximum de valeur mais cela représente des montants très importants", analyse Sylvain Goyon.
Sous couvert d'anonymat, un autre spécialiste du secteur surenchérit. Il faudrait, dit-il, que des structures soit prêtes à investir pendant 10 ans c'est-à-dire pendant toute la durée de la mise au point d'un produit.
DES QUESTIONS SUR LE FSI
Aussi la perspective du lancement par le Fonds stratégique d'investissement (FSI) d'un fonds spécialement destiné à soutenir le secteur des biotechnologies a éveillé l'intérêt. Mais beaucoup d'analystes avouent ne pas comprendre clairement la doctrine du FSI en matière de financement.
Pour l'instant, commente Rodolphe Besserve, "le FSI est surtout un fonds de sauvegarde et de préservation des emplois et des entreprises menacées à ce titre. Or il n'est pas certain que la biotechnologie réponde à cette situation".
En quête de sources alternatives de financement, les sociétés du secteur optent pour des accords avec de grands laboratoires suivant en cela le message de France Biotech qui a prôné la recherche d'un mode de fonctionnement commun entres ces acteurs.
Ainsi, Vivalis, spécialisé dans le développement de vaccin à partir de souches embryonnaires de poulet, a conclu des accord avec Sanofi-Aventis, GlaxoSmithKline et Novartis.
GenOway s'est tourné vers Pfizer et Bayer tandis que Transgène s'est allié à Roche et qu'Exhonit collabore avec l'américain Allergan. Genfit s'est lui tourné vers Merck et Solvay.
Mais le partenariat le plus attendu est celui que NicOx conclura pour commercialiser son anti- inflammatoire Naproxcinod. S'il est signé, ce dont ne doutent pas les analystes, la société se trouvera propulsée dans la cour des grands.
En Bourse le secteur semble retrouver grâce aux yeux des investisseurs si l'on en croit l'indice boursier Next Biotech d'Euronext, qui regroupe 19 sociétés européennes. Celui-ci a regagné près de 40% de sa valeur depuis le début de l'année dans le sillage de Transgène qui a repris environ 42%.
Édité par Jean-Michel Bélot
Publié le 01/06/2009 Reuters