Les médicaments issus des biotechs menacés[ 03/03/09 ]
Les médicaments issus des entreprises françaises de biotechnologie ont connu une belle progression l'an dernier. De 122 en 2007, ils sont passés à 158, selon la dernière étude de France Biotech portant sur 85 PME du secteur des sciences de la vie. Parmi les stades de développement, ce sont les étapes précliniques qui ont le plus augmenté (85 contre 54), suivies de la phase III, c'est-à-dire juste avant la commercialisation (16 l'année dernière, à comparer à 7 en 2007).
« Une majorité d'entre eux doivent arriver sur le marché en 2012 et 2013 », prévoit France Biotech, qui y voit le signe d'une
« plus grande maturité de l'industrie des sciences de la vie ». La cancérologie reste le premier domaine thérapeutique exploré par la recherche mais elle est tombée à 20 % des médicaments, contre plus du tiers en 2007. C'est, par exemple, une des spécialités d'Innate Pharma à Marseille, qui travaille notamment sur les leucémies et les lymphomes, de Splicos à Montpellier sur le cancer métastatique, d'Oncodesign à Dijon ou encore de Cytomics Systems en région parisienne.
Viennent ensuite les maladies infectieuses (près d'un cinquième des produits en développement), domaine d'entreprises comme Transgène et Novexel, qui cherchent de nouveaux antibiotiques ciblant les résistances bactériennes en milieu hospitalier. La neurologie, terrain notamment de Pharnext, qui mène des recherches dans le domaine de la maladie de Charcot-Marie-Tooth (une affection neuromusculaire très invalidante), ferme la marche du trio de tête. Mais la hausse globale du nombre de médicaments en développement ne doit pas occulter les difficultés. La moitié de ces entreprises sont confrontées à des problèmes financiers, auxquels s'ajoutent des obstacles techniques, administratifs ou réglementaires.
Chute des investissementsUn constat qui vaut aussi pour les diagnostics in vitro, qui regroupent des produits allant des instruments de laboratoire aux réactifs en passant par les autotests. Ce marché, estimé à près de 1,6 milliard d'euros en France en 2007, est amené à croître grâce à la génétique et à la médecine personnalisée.
Autre secteur en progression : les dispositifs médicaux (imagerie, logiciels, prothèses, etc.), portés par la convergence de plusieurs sciences mais dont les produits en développement sont freinés par des retards.
« Les bons résultats 2008 s'expliquent par l'augmentation des financements entre 2005 et 2007 mais les investissements dans les PME innovantes ont chuté de 79 % l'an dernier. Si rien n'est fait au niveau des pouvoirs publics, le nombre de médicaments en développement risque de chuter en 2009 et 2010 », redoute Philippe Pouletty, le président de France Biotech. De 694 millions d'euros en 2007, les investissements sont tombés à 143 millions l'an dernier et les observations de début 2009 ne portent pas à l'optimisme.
LAURENCE BOLLACK, Les Echos