Biomerieux : La "top pick" de Bryan Garnier dans le diagnostic
Vendredi 8 juillet 2011
(Tradingsat.com) - Historiquement considéré comme défensif, le secteur de la santé affiche néanmoins des performances boursières contrastées selon les différents segments qui le composent. Sébastien Malafosse, analyste financier, Pharmacie et Biotechnologie, chez Bryan Garnier, nous expose sa vision des choses, et nous dévoile ses valeurs préférées.
Tradingsat.com : Comment faut-il appréhender le secteur de la santé aujourd'hui ?
Sébastien Malafosse : La thématique de la pression sur les prix est devenue centrale. Elle part d'un constat : le poids des dépenses de santé ne cesse d'augmenter pour des Etats de plus en plus endettés, qui ont donc de plus en plus de mal à faire face à leurs déficits. Les entreprises du secteur de la santé doivent donc composer avec des gouvernements qui ont un impératif de maitrise de l'évolution inflationniste des dépenses de santé. Néanmoins, le repositionnement de la plupart des laboratoires sur des marchés de spécialité offre de nouveaux gisements de croissance pour l'industrie.
Tradingsat.com : Comment cela se traduit-il en Bourse ?
Sébastien Malafosse : Après une sous performance en 2009 et 2010, depuis début 2011, les « big pharmas » européennes et américaines surperforment le marché (stoxx 1800) de 5 points. Les laboratoires pharmaceutiques de spécialités, de taille plus modestes, mais plus innovants, affichent une surperformance de 19 points par rapport au Stoxx 600. A l'inverse, les fabricants de génériques représentent une thématique délaissée par les investisseurs cette année, et sous-performent le marché de 13%. On constate ensuite que les sociétés de technologie médicale, les « medtechs », sont en avance de 6 points sur le marché, alors que les biotechs sont en retard de 10%, avec des performances très disparates.
Tradingsat.com : Quels sont les sous-secteurs à privilégier ?
Sébastien Malafosse : Au sein du secteur des medtechs au sens large, le domaine du diagnostic nous semble primordial parce qu'il fait partie de la solution à la diminution des coûts des systèmes de santé. « Mieux vaut prévenir que guérir » dit l'adage. En l'occurrence, mieux vaut favoriser la prévention avec un diagnostic précoce et efficace, qui va aiguiller le patient vers le bon traitement le plus rapidement possible, ce qui s'avèrera moins coûteux pour la collectivité in fine. Les acteurs du diagnostic nous paraissent donc les mieux placés dans le contexte actuel d'optimisation et de réduction des dépenses. D'autant que leur marché affiche une croissance régulière de 5% par an alors que le marché pharmaceutique mondial croit aujourd'hui péniblement de 3%... Le modèle économique d'une société de diagnostic assure par ailleurs une visibilité appréciable : les ventes de réactifs représentent 90% des ventes d'une société comme BioMérieux. Ce qui assure une récurrence des revenus d'autant plus grande que la base de machines installées est importante.
Tradingsat.com : Quelles sont vos valeurs préférées dans le diagnostic ?
Sébastien Malafosse : Notre top pick est BioMérieux et nous venons d'initier la couverture de l'italien Diasorin avec une recommandation « Acheter » et de l'allemand Qiagen avec une opinion « Neutre ». BioMérieux est l'un des derniers pure players dans le domaine du diagnostic. C'est un vecteur d'investissement assez unique pour qui s'intéresse à ce secteur en particulier. BioMérieux bénéficie d'un leadership mondial dans la microbiologie clinique et industrielle, et présente un potentiel d'amélioration de sa marge opérationnelle très significatif à horizon 2015 et largement sous-estimé par le consensus. Diasorin est une société quelque peu singulière car elle a mis au point un test unique de la vitamine D, pour lequel elle n'a pas encore de réel concurrent, mais cette situation quasi monopolistique ne durera pas éternellement.
Tradingsat.com : En dehors du diagnostic, certains laboratoires pharmaceutiques de spécialités retiennent-ils votre attention ?
Sébastien Malafosse : Nous apprécions particulièrement Grifols, une société espagnole qui produit des dérivés de plasma, extraits du corps humain, non synthétisés, à l'abri de la menace générique. La barrière à l'entrée est très forte dans la mesure où toute activité dans ce domaine nécessite d'avoir la main sur la collecte du plasma, et de gros moyens pour investir dans des usines qui vont extraire les protéines thérapeutiques du plasma. Le marché du plasma est aussi déjà très concentré. Les 5 premiers acteurs en constituent 80%. Grifols est le nouveau numéro 3 depuis le rachat de son concurrent américain Talecris. Autre valeur à potentiel : Ipsen. La stratégie du groupe a été présentée début juin par Marc de Garidel, le nouveau président directeur général. Les perspectives long terme, avec une période d'investissement qui s'étale jusqu'en 2015, et une forte croissance anticipée au-delà, n'ont pas entièrement répondu aux attentes immédiates des investisseurs. Mais nous pensons que le management s'est laissé des marges de manœuvre pour surprendre favorablement le marché lors des prochains trimestres. Précisons que le cours actuel d'Ipsen est désormais très proche du prix de l'introduction en Bourse de 22,2 euros en 2005...
Tradingsat.com : Parmi les biotechs, lesquelles ont la capacité à sortir du lot à votre avis ?
Sébastien Malafosse : Par leur capacité d'innovation, les biotechs font également partie de la solution à la problématique de la pression sur les prix. En Bourse, il est toujours préférable de choisir celles dont le financement est assuré pour au moins 3 ou quatre ans. La danoise Zealand Pharma est l'une de nos préférées. Elle est associée à Sanofi dans le développement du Lyxumia pour le traitement des patients atteints de diabète de type 2. Les résultats de phase III divulgués sont positifs. On peut anticiper le dépôt en Europe d'un dossier de mise sur le marché dès la fin de cette année. Combiné au Lantus de Sanofi, le Lyxumia a sans aucun doute le potentiel d'un « multi blockbuster » ! En France, le cas de NicOx nous paraît intéressant. La société dispose d'une trésorerie pléthorique (97 millions d'euros nets à fin mars 2011) qui lui offre de nombreuses possibilités d'acquisitions. Toute annonce aura un gros impact en bourse. Enfin, on ne peut pas ne pas mentionner Innate Pharma qui vient de conclure Avec Bristol-Myers Squibb, l'accord de licence le plus important jamais conclu à ce jour par une biotech française en termes financiers. C'est une nouvelle preuve de la validité de l'approche de l'immunothérapie qui vise à stimuler le système immunitaire des patients dans la lutte contre le cancer. Un domaine dans lequel Transgene est également en pointe.
Tradingsat.com : Roche a récemment abandonné le développement d'un produit du portefeuille de Transgene.
Sébastien Malafosse : Roche a mis fin à l'accord de licence portant sur le produit TG4001/RG3484, un vaccin thérapeutique pour le traitement des maladies causées par le papillomavirus. Etant donné qu'aucun résultat des études en cours n'est encore connu de quiconque, le fait que Roche ait abandonné n'a finalement pas grande signification à ce stade, si ce n'est que le groupe suisse a sans doute réévalué sa stratégie industrielle dans le domaine de la santé féminine. Cela dit, le principal levier de création de valeur pour Transgene demeure le TG4010, en cours de développement pour le traitement du cancer du poumon « non à petites cellules » ; les premiers résultats de phase II/III ne seront pas communiqués avant le 1er trimestre 2013. Il ne faut pas sous-estimer non plus le potentiel du JX-594 co-développé avec l'américain Jennerex dans le cancer colorectal.
Propos recueillis par François Berthon
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