INTERVIEW DU PDG TRADING SAT
Auj. à 11:14
(Tt.com) - METabolic EXplorer vient de franchir une étape majeure vers sa transformation en une société biochimique intégrée. Avec l'annonce de la construction d'une usine de PDO* en Malaisie, le groupe se rapproche de la production à grande échelle pour 2012, comme prévu. L'une des économies les plus dynamiques du Sud-Est asiatique a en effet choisi de miser sur les bio-procédés alternatifs du groupe. Son PDG, Benjamin Gonzalez, nous explique en quoi ce partenariat est particulièrement prometteur.
Tt.com : Vous annoncez une capacité de production future de 50 000 tonnes, pour un marché du PDO de quelle taille ?
Benjamin Gonzalez : L'investissement porte sur une première tranche de 8 000 tonnes. Mais la capacité de production de l'usine sera portée à 50 000 tonnes à moyen terme afin de pouvoir répondre à la forte demande du marché du Sud-Est asiatique. Nos propres estimations nous indiquent que, dans ses applications principales, principalement le polyester, le PDO devrait représenter un besoin d'environ 800 000 tonnes à l'horizon 2020, soit une valeur de marché entre 1,6 et 2 milliards de dollars.
Tt.com : Vous visez 30% du marché mondial du PDO, d'autres unités seront donc nécessaires.
Benjamin Gonzalez : Il s'agit d'une première unité... Nous allons poursuivre notre stratégie de développement industriel. A côté de notre développement en propre, la stratégie de création de co-entreprises est toujours valide. Comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas l'une ou l'autre option, mais bien l'une ET l'autre.
Tt.com : Cette autre option, celle de la création d'une coentreprise, a-t-elle avancé ?
Benjamin Gonzalez : Nous parlons bien aujourd'hui d'UNE unité de production de PDO, et non pas de L'unité de PDO METEX. Ce qui signifie que nous prévoyons donc bien de déployer nos technologies à travers des partenariats qui feront du sens pour nous, soit en fonction d'applications précises, soit de zones géographiques déterminées... Les discussions en cours sur des coentreprises se poursuivent.
Tradingsat.com : Pourquoi avoir choisi la Malaisie pour construire votre usine ?
Benjamin Gonzalez : L'industrie de la chimie et des polyesters est très forte en Asie, sa croissance est considérable, le déséquilibre entre l'offre et la demande y est énorme. Or, l'offre locale n'existe pas ! Et en termes de débouchés, la Malaisie se situe quasiment à équidistance de l'Inde, de la Chine et du Japon. Ce choix géographique fait d'ailleurs doublement sens dans la mesure où, pour fabriquer du PDO, notre technologie utilise de la glycérine brute, qui est obtenue à partir d'huiles végétales. Or, la Malaisie est numéro 2 mondiale de la production d'huile végétale, à travers l'huile de palme...
T.com : N'avez vous pas aussi choisi la Malaisie parce qu'elle vous offre un financement ?
Benjamin Gonzalez : Absolument pas. Nous visions cette zone géographique depuis le départ, que ce soit en coentreprise ou en propre. Il se trouve que l'agence malaisienne de développement des biotechnologies, BioTechCorp, nous a repéré il y a un peu plus d'un an. Les discussions ont duré longtemps. Nous étions attirés par cette région, la Malaisie était intéressée par notre technologie, nos chemins se sont croisés.
Tt.com : Qu'est ce qui vous fait croire que vous prendrez des parts de marché aux leaders mondiaux du PDO ?
Benjamin Gonzalez : Premièrement, notre technologie est plus compétitive en terme de coût que tous les procédés chimiques et biotechnologiques existants. Deuxièmement, nous allons sur un marché où il n'existe pas de production locale. C'est l'un des gros atouts de notre technologie. Elle nous permet d'implanter une unité de production à proximité du marché cible, ce qui est sans aucun doute le meilleur moyen de créer de la valeur dans le cadre d'un développement en propre.
Tt.com : La Malaisie est elle un partenaire crédible ?
Benjamin Gonzalez : Nous serons situés juste en face de Singapour, dans une zone économique pour laquelle le gouvernement malaisien a décidé d'investir plus de 2 milliards d'euros. D'ici 2020, BioTechCorp souhaite porter la contribution des biotechnologies au PIB malaisien à 5%. La Malaisie a donc de grandes ambitions, comme nous, sans présenter de risque particulier, au contraire. Le pays a été très peu touché par la crise financière, sa croissance est la plus dynamique de tous le sud est asiatique. Et sa notation par la Coface est la même que celle de l'Angleterre !
T.com : Parlez-nous du financement de l'usine.
Benjamin Gonzalez : L'enveloppe porte sur 30 millions d'euros. Ce financement permet à METEX de ne pas faire appel au marché et il nous évite aussi de mobiliser de la trésorerie. Le développement de notre portefeuille de produits ne sera donc en aucune façon affecté par ce premier développement en propre sur le PDO. L'investissement prévoit déjà, en terme de surface, la montée en puissance de l'usine à 50 000 tonnes. Si le montant est élevé, c'est aussi parce que nous payons une prime aux fournisseurs afin qu'ils nous garantissent l'extrapolation de notre pilote industriel.
T.com : Comment appréhendez vous le risque industriel justement ?
Benjamin Gonzalez : Le risque industriel existe, mais je pense qu'il est beaucoup plus petit que le risque de pilotage industriel auquel nous avons déjà fait face. La conception de l'usine sera confiée à un groupe d'ingénierie, et le risque sur la qualité du produit sera limité par le recours aux fournisseurs du pilote déjà réalisé. La seule véritable incertitude peut concerner les hommes, les compétences, mais je peux vous dire que nous y serons très attentifs. Nous disposons d'un outil de formation clé avec notre pilote industriel, qui fonctionne depuis plusieurs mois en trois huit pour produire des échantillons.
Tt.com : Envisagez-vous la construction d'autres usines en Malaisie pour vos autres produits ?
Benjamin Gonzalez : Nous communiquerons le moment venu. Notre portefeuille de produits arrivant à maturité, nous serons logiquement amenés à prendre des décisions. Après le PDO, le MPG va à son tour entrer en pilotage industriel. Mais encore une fois, si nous avons choisi la Malaisie pour le PDO, ce n'est pas pour le financement attractif qu'elle nous offre, mais parce que cela fait du sens. Pour le MPG, ou pour le butanol, fait un copier-coller de la stratégie du PDO ne serait pas forcément très pertinent. Par exemple, le MPG n'est pas fabriqué à partir d'huiles végétales...
T.com : Annoncerez vous bientôt des contrats avec de futurs clients du PDO de METEX ?
Benjamin Gonzalez : Prendre une décision d'investissement de cette importance pour construire une unité de production implique une forte demande. Notre PDO a été testé avec succès par différents industriels à travers le monde. La construction de l'usine marque un changement majeur pour METEX. Nous allons devenir un fabricant, avec des parts de marché. Dans les 18 à 24 mois prochains, il y aura donc vraisemblablement des contrats signés avec des clients privilégiés, afin de sécuriser les volumes.
T.com : Peut-on avoir une idée de la rentabilité de la future unité de production ?
Benjamin Gonzalez : C'est une information pour le moment beaucoup trop sensible. Mais BioTechCorp n'est pas une association caritative. S'ils nous prêtent 30 millions d'euros, c'est parce qu'ils sont convaincus par notre business plan. Ils savent que l'on pourra largement leur rembourser cette somme sur dix ans, rien qu'avec la capacité de 8000 tonnes de la première tranche de l'usine !
Propos recueillis par François Berthon
*Le PDO est un composé chimique de base qui entre dans la fabrication de fibres de polyester utilisées pour des textiles performants, des semelles de chaussures de sport, des revêtements, des moquettes ou encore des films thermoplastiques. METabolic EXplorer a développé un procédé permettant de produire du PDO par voie biologique à partir de glycérol, par opposition à la voie pétrochimique essentiellement utilisée aujourd'hui dans l'industrie.
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Auj. à 14:06
Chimie verte: de l'Auvergne à la Malaisie, la belle histoire de MetEx
PARIS - Petite société de biotechnologie spécialisée dans la chimie verte et basée en Auvergne depuis sa création en 1999, METabolic EXplorer (MetEx) vient de franchir un pas décisif dans son développement en annonçant cette semaine la construction de sa première usine en Malaisie.
Grâce à un soutien financier "très important" du gouvernement malais, MetEx va bâtir dans ce pays un site de production de PDO, un composé chimique entrant dans la fabrication de textiles, de peintures ou de moquettes.
Pour la société de Clermont-Ferrand, c'est l'aboutissement concret d'années de recherches.
En théorie, l'idée à l'origine de MetEx est simple : les ressources fossiles étant en voie d'épuisement, il faut trouver un moyen de fabriquer des produits chimiques à partir de matière organique, plutôt qu'à partir de pétrole.
"Nous utilisons la biotechnologie pour produire par fermentation des composés que l'industrie utilise déjà", résume le président du directoire et fondateur de la société, Benjamin Gonzalez, 40 ans.
Depuis 1999, MetEx travaille ainsi à développer des micro-organismes capables de produire, en se nourrissant de matières végétales diverses, les mêmes composés chimiques que ceux issus de la pétrochimie.
La société compte aujourd'hui cinq composés différents dans son pipeline et travaille au développement d'un sixième, "encore confidentiel", indique M. Gonzalez.
Son objectif de commercialiser ses premiers produits en 2012 est désormais à portée de main, puisque l'usine de Malaisie devrait mettre 18 à 24 mois à être construite.
Evoquant une "étape majeure", avec la construction de cette première usine, Benjamin Gonzalez , ingénieur de formation et docteur en biotechnologie, se réjouit de ce "premier pas de l'évolution de MetEx vers une société industrielle à part entière".
Pour ce faire, la société va être directement épaulée par l'agence malaise de développement des biotechnologies .
"Les Malaisiens ont une agriculture basée sur l'huile de palme et avaient décidé d'investir fortement sur la valorisation des produits issus de celle-ci à des fins non-alimentaires", explique M. Gonzalez.
Pour MetEx, c'est une très bonne affaire: elle ouvre à son PDO les portes d'un marché asiatique où la demande est forte et le fait à peu de frais : l'Etat malais lui a en effet accordé un financement en crédit-bail de 30 millions d'euros pour construire l'usine et l'équiper.
Dans un premier temps, le site, avec une cinquantaine d'employés, fabriquera 8.000 tonnes de PDO et sa capacité doit grimper jusqu'à 50.000 tonnes d'ici 2017.
Cette nouvelle étape vient couronner le développement régulier de la société depuis sa création. Longtemps cantonnée à la recherche - comme toutes les jeunes sociétés de biotechnologies -, MetEx a commencé à attirer l'attention des grands industriels dès 2005, avec la signature d'un partenariat exclusif avec Roquette, un des principaux transformateurs d'amidon dans le monde.
A l'heure de passer au stade industriel, il reste encore à MetEx, valorisé en Bourse à environ 147 millions d'euros, à transformer son pari sur la chimie verte en activité financièrement rentable.
Depuis le début de l'année 2010, le chiffre d'affaires a été de 600.000 euros, uniquement grâce aux revenus de licence que lui verse Roquette, mais la société dispose de quelque 40 millions d'euros de trésorerie pour voir venir avant d'encaisser directement les ventes de ses produits.
(©AFP / 06 novembre 2010 08h05)