2010, les Big Pharmas pansent leurs plaies
(Easybourse.com) Le secteur des Big Pharmas s'est tourné vers les biotechs pensant à un nouvel Eldorado, mais 2010 s'annonce comme l'année de la correction, obligeant les grands du secteur à affiner leur modèle économique pour une meilleure rentabilité…
..En 2010, force est de constater qu'il y a beaucoup de déception sur les biotechs, en particulier pour ce qui concerne les partenariats. D'après un analyste de la société d'investissement CMCIC-Securities, «nombre de biotechs étaient à l'aube d'un partenariat, et finalement, elles se sont fait retoquer, soit parce que le produit n'était pas terrible, soit parce que le partenariat n'était pas de la qualité que certains analystes attendaient.»
En termes de produits, l'exemple de NicOx est édifiant : son produit phare a en effet été rejeté aux Etats-Unis par la FDA, cette dernière estimant qu'il ne répondait pas aux conditions de sécurité lui permettant d'être enregistré. De nouvelles études cliniques vont donc être nécessaires, remettant en avant la problématique du cash. Les investisseurs savent donc qu'il va falloir à nouveau attendre deux années supplémentaires avec une nouvelle levée de fonds avant d'avoir éventuellement un accord de partenariat.
Quant aux partenariats moins bons qu'escomptés noués avec des biotechs, il s'avère que les Big Pharmas donnent aujourd'hui l'impression de prendre encore moins de risque qu'avant, même si elles ont toujours de l'argent. Auparavant en effet, le schéma classique se découpait en trois étapes: «upfront, milestone, royalties». Or on a maintenant l'«option de licence» qui vient s'intercaler. Autrement dit, les Big Pharmas ne donnent plus que le quart de ce quelle devait apporter pour l'upfront, en attendant une nouvelle étude clinique pour valider les données obtenues lors de la phase I ou II. C'est typiquement ce qui s'est produit avec Transgène et Novartis.
Si le projet abouti, tout le monde sera gagnant, la biotech pouvant ainsi toucher une part de royalties plus importante. Mais c'est aussi, pour elle, un niveau de risque plus grand à supporter. En 2009, il y a eu plusieurs acquisitions de biotechs par des Big Pharmas, on pensait donc que le prix n'était pas un problème. En 2010 toutefois, à en croire l'analyste, «on s'aperçoit que même pour des petites sommes, au regard du cash flow que peut dégager une Big Pharma, les grands laboratoires veulent prendre le moins de risque possible, ce qui n'était pas le cas avant.»
Sur quelles valeurs miser ?
Dans ce contexte, toujours selon l'analyste de CMCIC-Securities, deux valeurs françaises pourraient faire l'objet d'un investissement pertinent, l'une d'elle étant plutôt «challenging» tandis que l'autre a davantage un profil «défensif». il s'agit de Transgène et de BioAlliance.
BioAlliance possède déjà des produits enregistrés, «ils font plutôt de l'optimisation de formulation que de la recherche, mais ils commencent à délivrer et vont donc bientôt recevoir des revenus de leurs différents partenariats, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, ce qui leur permettra d'enrichir encore leur pipeline de produits.»
Quant à Transgène qui vise des traitements contre le cancer du colon, l'analyste estime que la société est bien positionnée, malgré un profil un peu plus «challenging». Pour lui, Transgène pourrait idéalement connaître le même destin que la société américaine Dendreon qui a réussi à sortir un produit pour le traitement du cancer de la prostate, faisant passer sa valorisation de 500 millions à 5 milliards de dollars en trois mois…
Nicolas Sandanassamy
Publié le 13 septembre 2010
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