(Le figaro)
Les 40 millions levés doivent
financer une étude clinique sur plusieurs centaines de patients dans
plusieurs pays et les processus d'industrialisation de son produit.
Ensuite, plusieurs centaines de millions seront encore nécessaires
avant d'arriver à un lancement espéré en… 2017. (crédits photo : AFP)
Crédits photo : AFP
Le français Cerenis, spécialiste des maladies cardio-vasculaires, lève 40 millions d'euros. Fondée
il y a seulement cinq ans, la société de biotechnologies Cerenis
annonce une levée de fonds de 40 millions d'euros, dont la moitié
venant du Fonds stratégique d'investissement (FSI), le fonds souverain
français, et l'autre des actionnaires historiques. C'est le plus gros
tour de table de l'année. Il s'accompagne d'une aide de 10,7 millions
d'Oseo. Au total, la start-up a réuni depuis sa création 107 millions
d'euros. «C'est la société française dans les biotechs qui aura levé le
plus d'argent privé de tous les temps», affirme Denis Lucquin,
président du fonds Sofinnova, qui a mis plus de 20 millions dans
l'affaire. Cela montre qu'on peut bâtir en France des success-stories
d'entreprises innovantes et trouver les moyens à la hauteur d'un projet
ambitieux. Derrière Cerenis, il y a un homme, Jean-Louis
Dasseux, 51 ans, docteur en physico-chimie et titulaire d'un MBA. Un
chercheur doublé d'un businessman aguerri. Il n'en est pas à son
premier coup. Il avait participé aux États-Unis au développement d'une
société, Esperion, axée sur la recherche sur les maladies
cardio-vasculaires, rachetée au bout de six ans par le géant Pfizer
pour 1,3 milliard de dollars (pas de chance, le programme a depuis été
abandonné). Revenu en France, Jean-Louis Dasseux décide de remonter un
projet dans le même domaine. Son idée: un traitement nouveau des
maladies coronariennes (les attaques cardiaques), en injectant dans le
sang des HDL artificiels -des lipoprotéines de haute densité plus
couramment appelées «le bon cholestérol»- pour réduire la plaque qui
bouche les artères. «C'est la première cause de mortalité et de
morbidité dans les pays occidentaux et en pleine expansion dans les
pays émergents comme la Chine, l'Inde ou le Brésil, avec l'adoption
d'une alimentation riche à l'occidentale», explique l'entrepreneur. Le
chiffre d'affaires de cette spécialité pharmaceutique est évalué à
27 milliards d'euros et le marché spécifique visé par le traitement de
Cerenis à 6 milliards d'euros.
Introduction en Bourse Tout
de suite, Jean-Louis Dasseux voit grand et réunit un premier tour de
table de 25 millions d'euros avec des fonds spécialisés dans les
biotechs français, suédois, allemand, américain et japonais. Basée à
Toulouse et à Ann Harbor aux États-Unis, Cerenis emploie 26 personnes
et en fait travailler 150 indirectement chez des partenaires.
Jean-Pierre Garnier, ancien directeur général de GlaxoSmithKline et des
laboratoires Pierre Fabre, entre à son conseil d'administration où il
représentera le FSI. Les 40 millions levés doivent financer une
étude clinique sur plusieurs centaines de patients dans plusieurs pays
et les processus d'industrialisation de son produit. Ensuite, plusieurs
centaines de millions seront encore nécessaires avant d'arriver à un
lancement espéré en… 2017. La société aura donc mis douze ans avant de
réaliser, si tout se passe bien, son premier euro de chiffre
d'affaires. Un retour sur investissement est attendu trois ans plus
tard. D'ici là, une introduction en Bourse ou un partenariat avec un
laboratoire pharmaceutique est envisagé. Ces derniers ne s'y sont pas
trompés: une semaine après la création de Cerenis, certains frappaient
déjà à sa porte avec des offres de rachat. Et si ça ne marchait
pas? «Je suis très confiant, assure Jean-Louis Dasseux. Toutes nos
études ont démontré des résultats positifs. La rentabilité attendue et
le besoin médical sont énormes. J'ai connu le rêve américain, j'ai
envie de montrer qu'un rêve européen est possible, même s'il faut
soulever des montagnes.»