Pharmacie, Santé
Industrie pharmaceutique: la fin de l'âge d'or
Le 17 juin 2010 par Remy Maucourt
DREn 2009, le marché du médicament a connu une croissance faible. Pour les professionnels du secteur, la situation ne devrait pas s'améliorer dans les prochaines années.
Le marché du médicament en France a connu une croissance de 2,7% en 2009. 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, dont 23 à l'exportation (46%). "Faible" pour les industriels du secteurs, qui envisagent une progression de l'ordre de 2% en 2010 et 2011. Une prévision optimiste.
L'organisation professionnelle Leem (Les entreprises du médicament) a édité son rapport annuel sur le secteur.
"Il y a plusieurs éléments qui régulent la croissance du marché", a déclaré Christian Lajoux, président du Leem: "la montée en puissance de la politique des génériques, un accès au marché beaucoup plus sélectif que dans le passé, et les mesures de régulation des prix".
Les génériques en pleine ascension
Le marché français des génériques a augmenté en 2009 de 12,4% en valeur et de 7,6% en volume. Ils représentent désormais près d'une boîte de médicament sur quatre (23%) vendues en pharmacie. En 2009, les génériques ont généré un chiffre d'affaire de 3,9 milliards d'euros.
La montée en puissance des génériques semble inéluctable. En 2010 arriveront des génériques de Plavix (prévention de l'infarctus et de la thrombose), deuxième médicament le plus vendu dans le monde.
Certains laboratoires ont décidé d'accompagner le mouvement. Abbott a ainsi investi 3,72 mililards de dollars pour acheter un grand fabricant de génériques indien.
Accès au marché très sélectif
Les agences gouvernementales de certification (l'EMEA pour l'Europe, la FDA pour les Etats-Unis) sont de plus en plus strictes pour autoriser un médicament à être mis en vente. Elles reprochent courament aux nouvelles molécules de ne pas apporter d'avancées suffisantes en matière de soins.
Dans cette industrie, tous les projets dépendent de ces autorisations. Mi-mai, la société française de biotechnologie Nicox vu son cours en bourse chuter de 60% suite à un avis négatif de la FDA.
Mesure de régulation des prix
Sous la pression de leurs déficits, les pays européens cherchent à réduire leurs dépenses de santé. Les hostilités entre états et laboratoires ont été lancées par la Grèce. Début mai, le gouvernement grec a annoncé autoritairement une baisse de 21,5% des prix des médicaments. D'autres pays comme l'Allemagne et l'Espagne ont annoncé des mesures similaires.
Pour limiter les dépenses de santé, réduire le prix des médicaments reste la méthode la plus simple à mettre en place. Pas de risque politique: l'industrie pharmaceutique est impopulaire, l'opinion ne la défendra pas. Et il est beaucoup plus facile (et rapide) de réduire les prix des médicaments que de réformer en profondeur les hopitaux.
Le Leem tente de relativiser l'efficacité de ces mesures. La croissance des dépenses en médicaments (les 2% prévus) est inférieure à l'objectif officiel de croissance des dépenses d'assurance-maladie (3%). Christian Lajoux considère donc que "le médicament n'est pas une source de dérapage des comptes de l'assurance-maladie".
Quel avenir?
Les grands laboratoires pharmaceutiques ne se reposent plus seulement sur l'innovation pour continuer de se développer. La recherche de nouvelles molécules est de plus en plus chère, et les contraintes règlementaires rendent ces investissements incertains.
L'industrie pharmaceutique s'intéresse de plus en plus aux pays émergents, aux marchés à forte croissance. Les grands labos achètent des entreprises dans ces pays pour s'implanter. La même démarche utilisée par toutes les industries, qui devrait permettre de maintenir une rentabilité corecte. Mais les marges ne seront plus jamais aussi impressionnantes que dans les années 90, un âge d'or est certainement terminé.