OPA : 4 secteurs qui vont bouger en 2010
Par La Rédaction de MoneyWeek, le 3 février 2010
C’est reparti ! Après une année 2009 pauvre en fusions-acquisitions, les grandes manœuvres reprennent enfin ! Le coup d’envoi a été donné par l’américain Kraft Foods qui, début janvier, a lancé une offre sur le confiseur britannique Cadbury. “Cela fait longtemps que nous n’avions pas vu une opération de cette taille, avec une vraie rationalité industrielle et une prime très significative”, déclare Philippe Lecoq, responsable de la gestion des actions et des grandes capitalisations européennes chez Edmond de Rothschild AM.
L’Agefi révèle une rumeur qui enfle autour d’une autre opération de rachat : “EDF Suez […], le champion français de l’énergie, chercherait à mettre la main sur le groupe britannique d’électricité [Ndlr : International Power] évalué à 5 milliards de livres (5,7 milliards d’euros)”. Il y a fort à parier que, dans les mois à venir, d’autres mouvements de rachat ne manqueront pas d’être dévoilés…
Opportunités financières
Plusieurs facteurs sont réunis pour favoriser les OPA. Pierre-Alexis Dumont, gérant actions chez OFI AM, en est convaincu : “Aujourd’hui, dit-il, les conditions financières sont bien meilleures [Ndlr : qu’en 2009] et devraient permettre aux entreprises d’engager des mouvements de fusions-acquisitions, puisque les taux restent toujours au plus bas et que les liquidités sont abondantes.”
Quant aux conditions de valorisation, elles s’avèrent tout aussi porteuses. En effet, malgré une forte progression des cours de Bourse en 2009, les sociétés présentent toujours un PER raisonnable (soit 13 fois les bénéfices de 2010).
En outre, le free cash flow yield − qui reflète la capacité d’une entreprise à générer de la trésorerie − s’établit à 5,5 %, alors que le coût de la dette, qui traduit ce que coûte à une entreprise de se refinancer auprès d’une banque ou sur le marché obligataire, ressort à 3,5 %. “Quand le free cash flow yield est supérieur au coût de la dette, cela signifie qu’il est plus intéressant pour entreprise qui veut se développer de réaliser des opérations d’acquisitions”, explique Philippe Lecoq.
Enfin, les chefs d’entreprise sont davantage en confiance. Selon un sondage, 19 % des dirigeants interrogés envisagent pour 2010 une opération d’acquisition de plus de 500 Ms€. Il faut dire que la perspective d’une croissance molle en Europe et dans les autres pays développés devrait inciter leurs entreprises à aller chercher de la croissance dans les secteurs ou les zones où elle se trouve.
NicOx, Maurel & Prom, Capgemini : prochaines cibles ?
Les prochaines OPA devraient toucher pas moins de quatre secteurs : pharmacie, énergie, production d’électricité, technologie. Dans le secteur pharmaceutique, Novartis, Roche, Pfizer, Merck pourraient à tout moment lancer une OPA. Leur objectif : acquérir des biotechs à fort potentiel de croissance, telles Crucell (vaccins), Pronova Biopharma (produits à base d’oméga 3), Kiagen (un des leaders du diagnostic) ou NicOx.
Dans le but de rechercher de nouvelles réserves de pétrole ou de gaz, Total, BP, Royal Deutsch Shell, Sinopec ou Indian Oil pourraient s’intéresser à des juniors : par exemple Maurel & Prom, Dana Petroleum, Afren, PremierOil ou BG Group. Avec les réglementations carbone qui vont s’appliquer en Europe, les principaux groupes d’électricité devraient chercher à acquérir des producteurs d’électricité propre. Ainsi, RTW et E.On, qui produisent de l’électricité essentiellement à base de charbon, pourraient mettre la main sur Solar World ou sur Theolia. Il n’est pas exclu qu’Enel, qui a déjà acquis 92 % du capital d’Endesa, s’offre les derniers 8 % qu’il ne détient pas encore.
Dans le secteur technologique, enfin, des fabricants d’ordinateurs comme IBM, Hewlett-Packard ou Dell auraient des vues sur Capgemini, Atos ou encore Tieto… Si une OPA se matérialise, n’hésitez pas à apporter vos titres, puis à solder votre position. Dans la plupart des situations, les fusions-acquisitions se révèlent destructrices de valeur par la suite.
Camille-Yihua Chen et Yannick Hardy
Première parution le 21 janvier dans MoneyWeek numéro