Nicox : une biotech en pertes depuis cinq ansPar Denis Sarget, 25 janvier 2010
Des paris lucratifs, mais fort risqués. Les sociétés de biotechnologie s'efforcent de découvrir des médicaments vedettes, les futurs blockbusters (médicaments dont les ventes dépasseront le milliard de dollars), que les grands groupes pharmaceutiques peinent à mener à terme. Si quelques entreprises décrochent le jackpot, la majeure partie ne franchit pas l'étape de commercialisation, et les actionnaires y perdent leur chemise.
NicOx s'est, pour sa part, spécialisée dans le développement de médicaments innovants qui libèrent de l'oxyde nitrique. Les espoirs de cette petite société biopharmaceutique française reposent essentiellement sur son produit phare, le Naproxcinod. Le remède ne constitue pas une innovation (voir MoneyWeek nos 2 et 6). Il ne s'agit que de la simple réactualisation, à base de radicaux d'oxyde nitrique, d'une molécule connue depuis les années 1960.
Cet anti-inflammatoire ne pourrait, au demeurant, soigner l'arthrose, maladie dégénérative incurable. Ses promoteurs assurent toutefois qu'il présenterait un progrès, pour la tension artérielle, par rapport aux produits déjà existants. Ce qui reste encore à prouver.
NicOx vient de demander auprès de l'Agence européenne des médicaments une autorisation de mise sur le marché pour le Naproxcinod, après avoir effectué, il y a trois mois, une démarche similaire auprès des autorités sanitaires américaines (FDA).
Malgré ces avancées, nombre de médias comme Le Journal des finances deviennent, à juste titre, de plus en plus sceptiques sur le potentiel de NicOx et de son produit vedette. Investir recommande néanmoins encore l'achat spéculatif de la valeur. Pourtant, comme le note l'hebdomadaire, les flux de trésorerie sont particulièrement négatifs.
En cinq ans, les pertes nettes ont explosé, passant de 13 millions d'euros en 2004 à 79 millions d'euros en 2008 ! La situation n'est guère meilleure en 2009. Il a donc fallu renflouer les caisses. NicOx vient de boucler une augmentation globale de capital de 100 millions d'euros. Le Fonds stratégique d'investissement (FSI) a fait, à cette occasion, son entrée dans le tour de table, nouvelle qui a rassuré les marchés mais qui devrait toutefois plutôt inquiéter les contribuables.
Malgré cela, l'équation financière de NicOx n'est pas véritablement résolue. Comme l'indique Investir, le principal débouché du Naproxcinod se situerait aux Etats-Unis. Mais le groupe peine à trouver des partenaires sur place, compte tenu du caractère peu novateur du produit. Rien ne permet de certifier que sa diffusion sera une opération rentable et les assureurs d'outre-Atlantique hésiteront probablement à rembourser un produit cher par rapport à ses concurrents.
En dépit de ces perspectives maussades, le titre, très volatil, connaît épisodiquement des poussées de fièvre. L'action, fort loin de ses sommets, perd encore 25% en un an. Et l'avenir de cette valeur, trop risquée, nous paraît bien peu encourageant.
Denis Sarget, spécialiste des petites valeurs contribue à la lettre Small Caps Profit....