http://www.lesechos.fr/investisseurs/actualites-boursieres/4855009.htm?xtor=EPR-1002COLETTE NEUVILLE - PRÉSIDENTE DE L'ASSOCIATION DE DÉFENSE DES ACTIONNAIRES MINORITAIRES (ADAM)Les AG pourraient être l'occasion de redéfinir la place des actionnaires[ 17/04/09 ]
Colette Neuville.
En pleine crise économique, quel est le rôle des assemblées générales d'actionnaires ?Au moment où l'on parle de refondation du capitalisme, les assemblées générales pourraient être l'occasion de redéfinir la place des actionnaires dans le paysage financier. Les besoins en fonds propres n'ont jamais été aussi importants pour recapitaliser les banques, pour reconvertir les secteurs obsolètes comme l'industrie automobile et pour refinancer les entreprises endettées. De leur côté aussi, les actionnaires ont des besoins, comme celui de financer leurs retraites et celui de reconstituer l'épargne perdue depuis ces derniers mois.
Quels sont les thèmes qui devraient selon vous être abordés au cours des prochaines assemblées ?La rémunération des dirigeants sera forcément étudiée avec attention. Ce sera l'occasion pour les actionnaires de vérifier si le conseil d'administration a appliqué ou pas les dernières recommandations Afep-Medef. Tout l'enjeu est de savoir si l'autorégulation va fonctionner ou s'il faudra avoir recours au législateur. Il risque d'y avoir à ce sujet un certain nombre d'expressions de colère, mais je pense qu'il faut aller au-delà de cette expression de surface pour observer le phénomène sous-jacent : les inégalités sociales et les inégalités d'effort par rapport à la crise.
Etes-vous satisfaite de la répartition des pouvoirs entre conseil d'administration et assemblée générale ?Je pense que le pouvoir des actionnaires pourrait être accru dans plusieurs domaines. Pour les augmentations de capital, les actionnaires votent sur un délai et un plafond, mais les modalités (prix d'exercice, date) sont déterminées par le conseil d'administration. C'est un chèque en blanc donné par les actionnaires. Même chose pour les plans de distribution de stock-options. Je souhaiterais que la loi autorise les actionnaires à choisir quels en sont les bénéficiaires.
La loi devrait également être revue s'agissant des résolutions déposées par les actionnaires. Les pourcentages pour déposer une résolution (de 0,5 % à 5 %) n'ont pas bougé depuis très longtemps. Il faudrait les réviser pour tenir compte de l'augmentation des capitalisations boursières sous l'effet des fusions-acquisitions qui se sont multipliées depuis une vingtaine d'années.
Enfin, quelque chose de crucial manque pour que l'assemblée générale devienne un vrai moment de démocratie actionnariale : le contrôle des votes, aujourd'hui effectué par des « back office », hors du contrôle des votants. Ce qui serait inconcevable dans des élections politiques.
PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU ROSEMAIN, Les EchosC'est sacrément d'actualité pour nous tout ça