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| Sujet: Maladies cardiovasculaires: la pharmacologie "a heurté un mur" Dim 12 Avr - 20:33 | |
| Publié le 12 avril 2009 Maladies cardiovasculaires: la pharmacologie «a heurté un mur»
| Jean-François Cliche Le Soleil |
(Québec) Après avoir multiplié les percées dans les années 80 et 90, la recherche de nouveaux médicaments pour les maladies cardiovasculaires stagne depuis quelques années. Au point où l'industrie semble se désintéresser de ce domaine de recherche, bien qu'il s'agisse encore d'une des plus importantes causes de mortalité dans nos sociétés, rapporte le dernier numéro de Nature Review Drug Discovery.
Dans son éditorial, la revue avance carrément que la pharmacologie cardiovasculaire «a heurté un mur». Depuis le début des années 2000, y lit-on, peu de nouveaux médicaments ont traversé avec succès le long processus d'approbation par les autorités médicales, et plusieurs molécules que l'on jugeait prometteuses ont amèrement déçu. À cause des coûts élevés des essais cliniques, qui peuvent atteindre 500 millions $ d'un bout à l'autre de la chaîne, les grandes compagnies pharmaceutiques se font de plus en plus frileuses. Le géant Pfizer a même annoncé récemment qu'il se retirait de ce champ de recherche. «C'est vrai qu'on a fait d'énormes progrès au cours des dernières décennies et que là, il faut repenser nos approches», dit Chantal Lambert, professeure de pharmacologie à l'Université de Montréal. Elle préfère toutefois parler d'un «palier» plutôt que d'un mur, parce que la recherche avance encore. Dans les années 80 et 90, plusieurs découvertes ? par exemple des médicaments anticholestérol très efficaces ? ont puissamment contribué à diminuer la mortalité causée par les maladies cardiovasculaires. Au début des années 80, celles-ci tuaient chaque année environ 440 personnes par 100 000 habitants au Québec, tandis que ce taux n'était plus que d'environ 210 par 100 000 20 ans plus tard.
À cause de ces succès, cependant, les nouvelles molécules doivent maintenant se montrer plus efficaces que celles qui existent déjà pour être approuvées, ce qui rend la tâche plus ardue. «Ils ne sont pas comparés au placebo, mais à d'autres médicaments qui sont déjà très bons», dit Benoît Drolet, professeur de pharmacologie à l'Université Laval. «Dans certains domaines comme l'alzheimer, il n'y a pas beaucoup de médicaments, donc toute innovation constitue un progrès important. C'est pour ça que [ces domaines] donnent des produits plus faciles à faire approuver pour les pharmaceutiques, alors que si on veut faire une nouvelle pilule pour baisser le cholestérol, il faut prouver un avantage par rapport à ce qui existe déjà.» En langage économique, cela signifie essentiellement que les retours sur l'investissement sont moins grands. Les entreprises se tournent donc plus volontiers vers d'autres champs, où il est plus facile de faire accepter un nouveau médicament. «L'industrie pharmaceutique, il ne faut pas se le cacher, sa priorité numéro deux est de soigner les gens. La numéro un, c'est de faire des profits», illustre M. Drolet.
Avenue prometteuse Pour la pharmacologie cardiovasculaire (et d'autres domaines, d'ailleurs), une avenue prometteuse pour dépasser le palier actuel se trouve du côté de la génétique. Chaque individu est unique, disent nos experts, et les effets d'un même médicament peuvent varier d'un patient à l'autre. «Avec la génomique, on pourra adapter les médicaments qu'on connaît déjà à chaque individu», dit Mme Lambert. «Mieux connaître les marqueurs génétiques qui causent les maladies cardiaques permettrait aussi de travailler en amont de la maladie», ajoute son collègue de l'Université de Montréal Louis Dumont. Mais les grandes pharmaceutiques n'ont pas nécessairement une grande expertise en génomique, dit-il, et «elles trouvent peut-être qu'il serait trop coûteux d'en développer une. Donc, elles attendent probablement que de petites entreprises aient des résultats prometteurs dans ce domaine pour les racheter».
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