| | GSK, Merck et Lilly rendront publics les paiements aux médecins américains | |
| | Auteur | Message |
---|
Nutriox
Nombre de messages : 653 Age : 51 Localisation : 78 Date d'inscription : 18/10/2007
| Sujet: GSK, Merck et Lilly rendront publics les paiements aux médecins américains Jeu 19 Mar - 16:38 | |
| 01.11.2008 GSK, Merck et Lilly rendront publics les paiements aux médecins américains. GSK veut les "restreindre" à 150.000 dollars par an…Les leaders d'opinion et autres pantins du pharmacommerce ont de quoi crier misère ! Pharmacritique propose d'emblée de faire une quête pour arrondir la maigre pitance de la corruption médico-pharmaceutique. Faisons appel à Mme Chirac pour une "opération gros billets", par exemple. L'enjeu est civilisationnel : où allons-nous si même les valeurs sûres sont menacées de démonétisation ?? Le British Medical Journal en date d’aujourd’hui rend compte d’une nouvelle déjà connue dans la blogosphère anglophone : "GlaxoSmithKline to limit payments it makes to US doctors to $150 000 a year" (GSK ne paiera pas plus de 150.000 dollars par an aux médecins états-uniens ; début ici). Suite aux diverses investigations et pressions politiques et médiatiques aux Etats-Unis, les firmes Eli Lilly et Merck ont annoncé dès le mois de septembre qu’elles allaient rendre publics les paiements faits aux médecins pour leurs activités de consultants, conférenciers, membres des speaker’s bureaus, etc., comme vous pouvez le lire dans cet article du New York Times en date du 24 septembre. GSK est sous pression principalement à cause de deux enquêtes simultanées : l’une a été mise en route par l’infatigable sénateur américain Charles Grassley (cf. sa lettre) et concerne les sommes reçus par Charles Nemeroff, psychiatre réputé de l’université d’Emory (Etats-Unis). Il n’a pas déclaré 500.000 dollars récemment reçus de Glaxo Smith Kline pour un seul projet de recherche. D’autre part, les sommes qu’il a perçues pour services rendus à cette firme entre 2000 et 2006 avoisinent le million de dollars, et cet article du Wall Street Journal nous en dit plus, tant sur cette affaire que sur le contexte. Décidément, Nemeroff, dont nous reparlerons, confirme la réputation mal famée de la psychiatrie, branche la plus corrompue de la médecine, comme nous l’avons dit dans plusieurs notes réunies sous la catégorie "Conflits d’intérêts en psychiatrie ; DSM". L’autre enquête est menée par les autorités sanitaires néerlandaises suite aux paiements faits par GSK à des membres du Comité technique des vaccinations pour qu’ils recommandent la vaccination généralisée par Cervarix. Pharmacritique a rendu compte de ce scandale – qui touche aussi Sanofi Pasteur MSD – dans la note "Pays-Bas : Perquisition chez Sanofi et GSK suite aux conflits d’intérêts concernant Gardasil et Cervarix. Le PS se mobilise". C’est cet article du Financial Times en date du 22 octobre qui a révélé l’intention de GSK de rendre publiques les sommes payées aux médecins à titre de consultants, sans toutefois donner leur nom, et de les limiter à 150.000 dollars par an… Selon le PDG Andrew Witty, c’est promis juré, le passé est mort et enterré, et aucun leader d’opinion ne fera exception. (Je me demande si ces grands pontes vont faire une grève de protestation, un peu comme nos super chirurgiens du public ayant des dépassements d’honoraires astronomiques et qui ont délesté la Sécu de plus de 3 millions d’euros supplémentaires, rien que par leur grève du codage de leurs actes ??) Dans l’article susmentionné du British Medical Journal, le Pr Joe Collier commente la nouvelle dans son style habituel de grande gueule et dit son dégoût d’apprendre qu’une telle somme peut être vue comme une restriction et que la médecine soit à ce point devenue un business… C’est dire quelles montagnes d’argent sont en jeu… Et Collier de réclamer une vraie mesure de transparence : que les firmes déclarent les noms des médecins et les sommes reçues par chacun, d’une part, et que les médecins eux-mêmes déclarent ces sommes. On pourra vérifier la transparence sur les conflits d’intérêts en comparant les deux listes. Ce n’est pas demain la veille… L’article du BMJ rappelle le projet de dispositif législatif de Grassley, Physician Payment Sunshine Act, que nous avons présenté dans cette note, et les changements apportés par PhRMA (syndicat états-unien de l’industrie pharmaceutique) à son code d’éthique, qui entreront en vigueur en janvier 2009, mais ne prévoient aucune limite dans les paiements. Le syndicat ne pense qu’à limiter les stylos et autres post-it portant les logos des firmes… L’illustration est tirée d'un article plus ancien de Pharmalot, qui rend lui aussi compte de cette nouvelle. Et l'interrogation rituelle... Ah oui, j’allais oublier ! Aucun changement n’est prévu pour l’Europe, puisque les exigences européennes en matière de transparence et de gestion – si ce n’est d’élimination – des conflits d’intérêts sont inexistantes, comme le rappelait fort à propos une récente enquête commanditée par Consumers International et dont Pharmacritique a présenté les résultats dans la note intitulée « L’Europe talonne les Etats-Unis dans la promotion irresponsable des médicaments », selon l'enquête d'un chien de garde. S’il y a des spécialistes de l’évolution parmi les lecteurs, ils pourront peut-être nous dire combien de dizaines de milliers d’années dame nature peut prendre pour faire pousser des dents aux poules…http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/archive/2008/11/01/gsk-merck-et-lilly-rendront-publics-les-paiements-aux-medeci.html#more | |
| | | Nutriox
Nombre de messages : 653 Age : 51 Localisation : 78 Date d'inscription : 18/10/2007
| Sujet: Re: GSK, Merck et Lilly rendront publics les paiements aux médecins américains Jeu 19 Mar - 16:40 | |
| 07.01.2009
Le nouveau code de marketing des pharmas entre en vigueur aux USA : stylos interdits, gros sous permis… Vous avez dit éthique?
Le syndicat américain de l’industrie pharmaceutique (PhRMA, homologue du LEEM français et de l’EFPIA européen) a annoncé en juillet 2008 la mise en place d’un [url=http://www.phrma.org/files/PhRMA Marketing Code 2008.pdf]code révisé du marketing[/url], censé régir l’interaction des firmes avec les professionnels de santé, qui prendrait effet en janvier 2009. Une lecture attentive montre que c’est un écran de fumée et que, comme le dit le New York Times, en donnant des exemples de psychiatres leaders d'opinion inféodés aux firmes, le mélange des genres et les liens financiers ayant le plus de conséquences délétères ne seront nullement remis en cause. Plus ça change, plus c’est la même chose. Selon PhRMA, le code permettra de supprimer les petits cadeaux tels les gadgets portant des logos, ainsi que les à-côtés divertissants, les repas et autres loisirs payés qui n’auraient pas de rôle éducatif ou informatif. (Comme si des rémunérations « éducatives » pouvaient exister…). Le marketing industriel devrait se faire en conformité avec « les standards éthiques les plus exigeants »… Cela nous rappelle forcément le code d’éthique, non, carrément de déontologie (sic), du LEEM et de l’EFPIA, lui aussi volontaire, et dont nous avons saisi l’essence profondément morale dans ce dessin. Une quarantaine de firmes ont déclaré vouloir appliquer ce code révisé du marketing. Vous pouvez apprendre les détails en suivant les liens. Il ne faudrait pas oublier que ce code est volontaire, donc nullement obligatoire… De plus, la lecture de cette nouvelle version de poudre aux yeux montre que les moyens les moins productifs d’influence seront retirés, mais que PhRMA gardera les financements de la formation médicale continue, la possibilité pour les visiteurs médicaux d’apporter des repas aux cabinets ou dans les hôpitaux, les honoraires payés aux médecins pour des activités de consultants, de membres des comités scientifiques ou de pilotage, etc. Apparemment, cela ne contredit pas « l’engagement en faveur d’une interaction responsable avec les professionnels de santé »… En tout cas, la contradiction n’a pas échappé au New York Times, dont l’éditorial du 4 janvier s’intitule « No mugs, but what about those fees ? » (Plus de gadgets, mais qu’en est-il de toutes ces rémunérations ?) Interdire les babioles portant des logos et tout ce qui peut induire une influence subliminale sur les prescripteurs est une initiative qui économisera autour d’un milliard de dollars à l’industrie, tout en lui permettant de redorer son blason sans remette en cause les moyens d’influence les plus efficaces, alors que ce sont ceux-là qui ont les conséquences les plus néfastes sur le circuit de l’information médicale et la pratique de la médecine. On l’a encore vu lors des récents scandales autour d’experts tels Joseph Biedermann ou Charles Nemeroff, en position de faire augmenter fortement les chiffres de vente des médicaments des firmes qui les payent, tout comme de produire une désinformation massive quant aux critères de telle maladie et à sa fréquence. Biedermann, par exemple, est directement et indirectement responsable d’une croissance exponentielle (40% en moins de 10 ans) des diagnostics de trouble bipolaire chez l’enfant et donc de l’utilisation massive des antipsychotiques atypiques. Ce n’est que l’œil inquisiteur du sénateur Charles Grassley qui a découvert l’explication : 1,6 millions de dollars de rémunérations industrielles non déclarés… L’histoire de Biedermann est commentée dans un article en date du 6 juin 2008 du New York Times, intitulé « Researchers Fail to Reveal Full Drug Pay » (Des chercheurs omettent de déclarer le montant de leurs rémunérations par l’industrie). Quant aux conflits d’intérêts de Charles Nemeroff, découverts par Grassley et son équipe, ils sont exposés dans l’article du 4 octobre 2008 du même journal : « Top Psychiatrist Didn’t Report Drug Makers’ Pay » (Un grand ponte de la psychiatre n’a pas déclaré l’argent reçu de l’industrie pharmaceutique). Grassley ne s’est pas arrêté en chemin. Il a demandé des comptes à la toute-puissante Americain Psychiatric Association (APA), suite à la découverte des énormes sommes reçues et des actions détenues par son président, Alan Schatzberg, comme nous l’apprend un autre article du New York Times, en date du 12 juillet : « Psychiatric Group Faces Scrutiny Over Drug Industry Ties » (Investigation concernant les liens financiers entre l’industrie pharmaceutique et l’organisation professionnelle des psychiatres). Ce sont des affaires de ce genre qui jettent le doute sur la psychiatrie, discipline médicale la plus corrompue par l’industrie psychiatrique, selon les données accessibles. On peut voir les sommes perçues par les psychiatres du Vermont, rendues publiques par le rapport du procureur de l’Etat de Vermont (voir le compte-rendu de Pharmacritique). Mais ce type d’affaires et de soumission financière et autre discrédite l’ensemble de la recherche médicale et mine la confiance du public, comme nous le disait Marcia Angell dans cet excellent texte que nous avons traduit dans son intégralité : « Marcia Angell dénonce la manipulation de la recherche clinique et le contrôle de l’information médicale par les firmes. » Le nouveau code de marketing dit vouloir réduire ces rémunérations à leur « valeur réelle en fonction du marché », comme si le public avait la possibilité de vérifier ce qu’il en était… Et le New York Times de souligner que « Aucune des restrictions envisagées par l’industrie ou par des groupes professionnels n’a pour objectif de trancher complètement les liens financiers autrement plus préoccupants [que les gadgets ou les invitations au golf…] qui unissent la profession médicale et beaucoup de médecins pris individuellement à l’industrie pharmaceutique. » « Le Congrès doit adopter une législation qui obligera les fabricants de médicaments et de dispositifs médicaux à déclarer une vaste catégorie de rémunérations offertes aux médecins dans un registre national, ce qui rendraient publics tous les conflits d’intérêts. C’est une réforme que l’industrie elle-même semble maintenant prête à accepter. Mais il y aurait encore mieux à faire : la profession médicale doit se sevrer, s’extraire presque entièrement de son rapport de dépendance écrasante de l’argent de l’industrie pharmaceutique. » Le sénateur Charles Grassley devrait venir donner quelques cours de responsabilisation à nos vénérables élus et leur rappeler qu’on a voté pour eux pour qu’ils nous représentent et défendent nos intérêts, pas ceux des lobbies… Notre santé, pas celle financière des firmes pharmaceutiques. Et les journalistes du New York Times auraient beaucoup de boulot à sortir les nôtres de leur inertie et de leur oubli de l’investigation, qui était jadis ce qui permettait au journalisme d’être légitime en tant que « quatrième pouvoir ». De nos jours, les media n’excellent que dans la courtisanerie et dans le panégyrique. Last but not least, n’oublions pas que l’industrie se déclare prête à accepter une législation de transparence aux Etats-Unis, pas en France, où elle coule des jours paisibles, sans aucun compte à rendre, même en cas de catastrophe sanitaire. A quand des lois de transparence ? A quand des lois permettant une action collective, des recours collectifs en justice? A quand des procès intentés par l’Etat aux firmes qui ne respectent pas les lois ? Merci à Marilyn Mann pour l'article du New York Times.
http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/archive/2009/01/07/le-nouveau-code-de-marketing-des-pharmas-entre-en-vigueur-au.html#more
| |
| | | | GSK, Merck et Lilly rendront publics les paiements aux médecins américains | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |