Le Viagra, un dopant sous la couette, mais dans les stades, ça reste à voir
jeu 27 nov, 15h03
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MONTREAL (AFP) - Si sous la couette les pouvoirs dopants du Viagra ne sont plus à démontrer, ses effets sur les performances dans les stades sont eux l'objet de recherches scientifiques qui pourraient conduire la petite pilule bleue à se retrouver sur la liste des produits interdits en 2010.
Comme tout médicament susceptible d'être détourné de son usage thérapeutique par des sportifs en quête de records, le citrate de sildénafil, plus connu sous le nom de Viagra, est depuis quelques années dans la mire de l'Agence mondiale antidopage (AMA).
"C'est vrai que le Viagra est utilisé quand même par un certain nombre d'athlètes", souligne Olivier Rabin, le directeur scientifique de l'AMA. "Il reste à savoir si c'est un usage social ou ludique, on va dire, car il n'est pas exclu que les athlètes qui le prennent ont envie de performer aussi dans leur vie privée".
Ses pouvoirs sur le traitement des dysfonctionnements érectiles n'intéressent pas les chercheurs de l'Université de Miami en Floride, et leurs confrères de l'Université Marywood, en Pennsylvanie. Leurs projets financés par l'AMA se penchent plutôt sur les effets potentiels du Viagra sur l'oxygénation des athlètes lors de compétitions organisées en altitude ou dans une ville polluée.
"Toutes les études ont très bien montré que le Viagra ne marche pas au niveau de la mer. Cela marche à très haute altitude. Les premières études ont été faites sur l'Everest... Inutile de vous dire qu'il n'y a pas beaucoup de compétitions sur l'Everest", explique M. Rabin.
Comme "à une altitude de 3.500-4.000 m, à peu près 30 à 40% de la population présentait un déficit pulmonaire qui pouvait être compensé par le Viagra, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas augmentation des performances, mais restauration des capacités pulmonaires, la question était de savoir ce qu'il en était à une altitude moyenne de 1.500 m-2.000 m ", explique le pharmacologue.
Plusieurs compétitions, ski en tête, sont disputées à ce niveau. Ce fut le cas des épreuves olympiques de ski nordique lors des Jeux de Salt Lake City en 2002 et de Turin en 2006.
Hormis l'altitude, le Viagra pourrait aussi aider à restaurer les capacités d'oxygénation dans des villes à forte pollution comme Pékin même si la qualité de l'air dans la capitale chinoise lors des derniers Jeux en août n'a finalement pas posé les problèmes tant redoutés.
Le comité scientifique de l'AMA évaluera les résultats de ces deux recherches l'année prochaine et recommandera ou non au comité exécutif de l'Agence de rajouter la pilule bleue à la liste des produits interdits révisée pour 2010.
Et si le Viagra est mis à l'index dans les stades, les athlètes qui connaissent de petits problèmes sous la ceinture pourront toujours éviter de se rhabiller, en demandant une autorisation d'utilisation pour des fins thérapeutiques, comme pour n'importe quel autre médicament.